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                                                                                                                               Toulouse, le 1er Janvier 2021

Monsieur le président, 

 

Je me permets de vous adresser quelques réflexions personnelles, tel citoyen lambda à chef d'état alpha, tous deux hommes de surcroît. 

 

L'autre jour dans ma tête une simple question a pointé une fois de plus son nez, que j’ose ici formuler :

 

« N'est-ce pas l'heure d’un revenu commun ? »

 

En ce temps où le monde uniment se déboussole et nous, citoyens, dégringolons vers aridité,

n’est-il pas l'heure de niveler les horloges, unir nos compétences et assurer à chacun toit, énergie et pitance ?

de remettre à plus tard dividendes superflus, tous ces « je » de pouvoirs et retrouver onces de vertus ?

de nous serrer les coudes à défaut de nous prendre dans les bras ?

de briguer nos similitudes plus qu'attiser nos concurrences ? 

 

Monsieur le président, je pense souvent au fait que votre équipe et vous faites chaque jour au mieux,

que de telles responsabilités sont des plus complexes à gérer, et que cette crise doit être un casse-tête à chaque instant… 

 

Mais permettez moi en ce premier jour de l’an de diriger mon regard vers nos frères à genoux devant bouches de métro, estomacs vacants; eux qui en première ligne affrontent le froid, le dénigrement et l'aberration de nos trop pleins de Noël, de nos ventres jusqu'ici repus. 

 

Où est donc passé notre triple mantra républicain : Liberté, Égalité, Fraternité ? 

 

De tous vos ministères, ceux superflus des identités, celui indécrottable de la guerre, un seul est dédié aux solidarités,

et n’a de solidaire que son nom; toujours ce zéro pointé vers la décroissance car tenace leurre de la relance …

et ces fictives dettes venues d'en haut, qui n'ont décidément aucune place sur nos dos.

 

Suis-je seul à m’interroger sur l’effet de ce martèlement d’infos H 24 ?

nouvelle formule brevetée d’un baume apaisant sur inconscients fragilisés ?

et cette traversée de nos selfies en 5G, est-elle réellement à l'aune des priorités ? 

 

À quand le retour de sourires démasqués ? 

la mise au rebut de protectionnistes réflexes pavloviens ?

de mots sans colorants, qui disent vrai ? 

Utopie d'humanités réalisées ? 

 

Tel Monsieur Vian, je voudrais pas crever sans avoir vu de mes yeux laminés la fin de la douleur, quelques poncifs poussiéreux mués en gestes positifs heureux, mes confrères artistes fiévreux recouvrer leurs couleurs.

Je voudrais pas crever avant que nous réalisions notre putain d'interdépendance, que nous trouvions une voix juste entre Énarchie et Anarchie, que nous reconnaissions l’urgence de nos états talentueux unis :

 

Accordeur de voitures indispensable à cadre poétesse, haut gardien de bambins bien assez qualifié pour chirurgien surbooké, boulangère en burn out en devoir de repos, charpentier d’idées admis sur voie publique;

et mon fragile métier de musicien qui sait un jour considéré…

 

Monsieur le président, je ne reprends qu’une seule des si claires propositions d'Aymeric Caron dans Utopia XXI :

n'est-ce pas l'heure d'un revenu commun qui nous mette enfin tous sur pied d'égalité, et accorde à chacun le droit de vivre sans sans cesse devoir se justifier ?

La flânerie serait-elle danger public, forme d'apprentissage autodidacte en voix d'extinction ?

Cette chaire "valeur travail" peut-elle encore se redéfinir, plus aujourd'hui que jamais ?

comme on poserait ouvertement belles questions plutôt que surlessivées fausses réponses ? 

Ces clicks virtuels proprets qui génèrent millions tandis que paroles empathiques et mains dans le cambouis rabâchent sans relâche leur indécent salaire… un socle de base tel levier de survie afin d’écarter misère et accroître progressivement son potentiel,

ses facultés, se cultiver et participer à la démocratique (?) société, n'est-ce pas solution sensée ?

celle ou celui qui le désire ayant le droit de gagner plus, sans dérober, et de manière plafonnée.

 

Car sans égalité, toujours liberté demeurera incomplète.

 

Nos cités jadis atypiques transmuées en réceptacles de numérisés leitmotivs, messages subliminaux pour ternir moutons en blancs… femmes et hommes des lumières tronqués en consommateurs à jamais irrassasiés.

Bienvenu dans le meilleur des mondes, retour vers un futur à la Huxley. 

 

Rechaussons sandales de simplicité, inspirons-nous des ancêtres, hurlons francs « stop » aux trop-pleins inutiles, résistons via entraide, mille « oui » à la bouche.

Osons convoquer encore la force des racines, ces valeurs d’équité, de bonté et de gentillesse que rien ne peuvent arrêter.

 

C'est d'une perte d'idéaux, d'un cruel manque d'émerveillement et d'un gouffre béant de spiritualité dont souffre notre accidentalisée société.

Bien plus que de ce virus, lui qui accuse nos carences affectives, nos centrages défaillants, nos rêves insuffisants. 

 

Jusqu'à quand notre collectivité va-t-elle se mouvoir tel pantin bancal, les yeux plus gros que l'estomac, défis factices dictés de l'extérieur, têtes encensées corps dénigrés, essentiels anémiés, saines éducations au rabais, menues victoires égocentrées sapant les guérisseuses générosités ? 

 

Car oui, comme j’ai cru l’entendre hier en filigrane dans votre allocution, je crois au don de soi comme arme la plus puissante face à tous nos maux.

Je crois au pouvoir de la tolérance et à nos génies réunis en remparts aux fascismes et autres dangereux replis.

Je crois aux opéras franchis en tongs et en des dignes responsables rock and roll.

Je crois aux livres rares accessibles, en l'éveil altruiste des consciences plus qu'en la grégaire production de clones écervelés,

aux maints arts de la rue telles gerbes roses qui éclaboussent champs de joie.

Je crois aux pouvoirs tournants, aux gouvernances partagées, aux trésors du contentement, à la frugalité. 

Je crois aux systèmes économes dans leur gestion, à ceux qui osent dire « non » et s'avèrent dispendieux dès lors qu'une vie est en jeu. 

 

À ceux absolument intransigeants sur notre liberté de pensée, notre liberté de mouvement, notre liberté vaccinale.

 

Aujourd'hui je ne vois qu’écarts, pertes et profits dans mon si cher pays dont la culture s’appauvrit.

 

Y’a 25 ans d’ici sur la place du capitole - la ville de Monsieur Claude - y’avait un truc étrange du nom de « librairie ».

Today deux vitrines s'escriment en un dialogue de sourds : café en capsule versus citadine au toit ouvrant.

Monsieur Moudenc en arbitrage du plus offrant.

 

Monsieur le président, je persiste et je signe:

je crois sincèrement que vous faites de jour en jour de votre mieux, mais naïvement je réitère :

 

«  Quid d'un référendum sur revenu commun pour 2021 ? »

 

Merci d'avoir pris le temps de lire ma longue missive, 

 

Je vous souhaite une année lumineuse, libre, fraternelle et bienveillante.

 

Avec toute ma considération,

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